Un jour, je suis née, il y a vingt-sept ans de cela, le dix-huit février pour être précise. J'ai poussé mon premier cri à Ste. Mangouste, à Londres. Rien de très spectaculaire, vous me direz, et je suis tout à fait d'accord avec vous. Ce qui me rend extraordinaire, c'est mon appartenance au monde magique. Ma mère est anglaise, elle vient d'une lignée de sorciers, tous de sang pur. C'est rare, mais ça existe, oh oui. Elle a eu la merveilleuse idée d'épouser un né moldu venu tout droit de Roumanie. Il faut dire que mon père a toujours eu une certaine classe et un charisme certain. Je suis sûre qu'il faisait tomber toutes les minettes à vingt ans. Mon père il est grand, des cheveux chocolat et une peau mate. Je ne vois pas l'utilité de dire son prénom, je l'ai toujours appelé papa après tout. Ma mère quant à elle, et bien, grande également, brune également, mais plus petite avec une peau laiteuse. Ça lui allait très bien, avec son rouge à lèvre bordeaux. Vous connaissez sûrement son nom de famille, Hastings. Oui Hastings, comme le directeur du département de la coopération magique internationale à Londres. La classe comme grand-père. On avait des sous, pas mal de sous, beaucoup de sous même. Quand maman est tombée enceinte d'un né moldu, il fallut beaucoup de temps à grand-père pour réaliser que hélas la pureté du sang de la famille s'arrêtait là. J'avais deux ans quand il arrêta sa crise identitaire et excepta le mariage des parents. Et heureusement, deux ans plus tard mon frère était né, le turbulent, celui qui ne tenait pas en place. Ils nous en a fait baver à tout le monde, je sais pas s'il en a conscience. J'avais huit ans quand la dernière de la fratrie est née, Ridenti. Je ne sais pas où les parents sont allés puiser nos prénoms. Nova Huyana, Maximo, Ridenti. De nouveau pluie qui tombe, le plus grand, celle qui sourit. Ça va maman ? Ça va papa ? C'était quoi la phrase que vous vouliez faire ? Non parce qu'on peut se poser des questions. M'enfin, je n'ai pas eu une enfance compliquée, à onze ans je suis entrée à Poudlard, la rentrée d'après guerre. La question quant à l'école de sorcellerie que nous allions fréquenter ne s'est jamais posée. Notre père avait fait Durmstrang, mais il était hors de question pour grand-papa qu'on aille autre part qu'en Écosse, surtout après la victoire contre les mages noires.

Le Choixpeau a trouvé juste de me placer chez les Poufsouffle, je me suis souvent demandé s'il avait fait le bon choix. Mais après tout, on était prêts des cuisines, le rêve de tout gourmand qui se respecte, alors je crois que c'était le bon. Tout se passait à merveille, première année scolaire chez les sorciers, tout était bien différent que chez les moldus, très très différent. Tout aurait pu continuer à bien se passer, mais malheureusement quand les choses sont écrites là-haut, on ne peut rien y faire. C'était durant les grandes vacances scolaires, nous étions en famille, rien n'aurait dû se passer si on avait fait un minimum attention. Nous étions aux îles Lofoten, en Norvège. Il a suffi d'un moment inattention de la part des parents pour que je m'éclipse hors du chantier de randonner. Je me suis forcée à oublier la suite, c'était trop douloureux, trop cruel envers une enfant. C'est une blessure qui ne peut guérir, une morsure d'un monstre ignoble qui m'a condamné à vie. Mes parents ont préféré le cacher aux plus jeunes et aux grands-parents, ils avaient trop peur. Qui aimerait qu'on vienne lui dire : oui écoute, ta petite fille s'est faite mordre par un loup-garou. Voilà, bon noël papa. Joyeux n'est-ce pas. J'ai dû prendre énormément de précautions durant le reste de ma scolarité, tellement de précautions. Je suis restée silencieuse durant trois ans, le temps qu'il m'a fallu pour me forger une carapace et faire comme si tout allait bien. Mes parents m'aident beaucoup, ils m'envoyaient des lettres chaque semaine pour me soutenir, ils essayaient de trouver des arrangements avec le directeur pour me faire rentrer si besoin était. Avoir Max à Poudlard m'a beaucoup aidé pour me contrôler et me calmer. Je ne suis pas proche de ma sœur, j'ai envie de l'être, mais avec nos huit années de différences, nous ne passions absolument pas de temps ensemble. On se voyait uniquement durant les vacances scolaires et je prenais soin de l'éviter pour ne pas lui faire du mal. Elle était beaucoup trop jeune pour comprendre. Max était le deuxième de notre fratrie, ils nous servaient de pont, s'entendait avec nous deux. C'est vraiment lui la colle entre nous trois, notre messager personnel.
Puis j'ai terminé avec de très bonnes aspics malgré tout. Assez bonnes pour me permettre d'aller à l'université.