What is love

baby don't hurt me no more
Comment ne pas se souvenir du jour où on décèle la force de nos sentiments pour quelqu’un? Le plus souvent cette prise de conscience arrive au décès de l’être qui nous était cher. Ines a eu de la chance. Elle l’a su bien avant la disparition de son petit frère. Pas comme une mère lors de la mise au monde de son enfant ni comme deux âmes sœurs scellant leurs destins par le mariage…

Ce jour là elle était en train de consoler Adrien. Elle n’accomplissait pas son devoir de grande sœur parce qu’il le fallait mais parce qu’au fond d’elle, elle s’avait qu’elle ne pouvait pas supporter de voir un instant de plus son benjamin être en proie à la tristesse. Chacune des larmes salées roulants sur ses joues était une déchirure supplémentaire. Elle s’était alors agenouillée devant lui et avait balayé les gouttes d’eau à l’aide de son pouce.

Il venait de plonger son regard dans le sien. Il lui murmura alors dans un souffle confus et déstabilisé : « Nanou, je les déteste. Je ne veux pas finir ma vie avec cette fille. »

Ines le savait. La tradition des mariages arrangés entre les familles sang-purs ne rendait jamais personne heureux. Seuls les investigateurs, parents des deux élus y trouvaient leurs comptes sans prendre la peine de respecter l’existence de leurs enfants. La jeune fille comprenait le choix du couple Johnson mais ce n’est pas pour autant qu’elle y adhérait. Il n’avait qu’onze ans, elle quinze mais elle était tellement attachée à lui qu’elle trouva les mots pour le réconforter, cachant dans ses propres paroles son désarroi et son incapacité à y changer quoi que ce soit.

« Adi, rien n’est encore fait. Tu as plusieurs années devant toi à vivre avant de te soucier de cette histoire de promesse de mariage. Écoute-moi ! Tu vas tomber amoureux Adi, je te le promets. Tu trouveras une personne à aimer et qui t’aimera autant en retour. Tu finiras heureux Adi parce que tu es sublime, intelligent, gentil et que tu ne mérites pas de souffrir plus. » Puis ne pouvant supporter une seconde de plus le regard de son petit frère elle le prit dans ses bras lui répétant dans le creux de l’oreille : « Je te le promets Adi. »

Le Temps est doté  de propriétés terrifiantes. Tout d’abord la capacité de rendre chaque seconde de plus en plus douloureuse après la mort d’un être cher. Mais la seconde est bien plus agréable et horrifiante à la fois. Cette caractéristique faisant diminuer la douleur après une certaine quantité de secondes écoulées.

Adrien est mort depuis plus de trois ans à présent. L’équivalent de 94 608 000 secondes. Ines ne sait pas à partir de laquelle la courbe de la souffrance s’est inversée mais ce dont elle a conscience c’est que sa vie a changé littéralement de direction depuis. Elle est devenue plus méchante, moins compréhensive. Elle a profité de son changement de statut pour s’éloigner de ses parents. Poursuivre des études lui a permis de partir sans pour autant abandonné ses responsabilités. Il va falloir qu’elle excelle au nom de la lignée Johnson.

Dés sa première année à Pleatmouth, la jeune femme trouva son compte dans la filière sportive. Elle se découvrit une véritable passion pour le vol synchronisé et se donna corps et âme dans ses études. La réussite faisait partie intégrante de sa vie. Mais ce fût après son intégration parmi les Waspsting qu’elle oublia ses différends familiaux.

La vie en fraternité est quelque chose d’extrêmement important pour Ines. Elle s’est fabriquée une place bien définie et a enfin l’impression de savoir qui elle est.
Son accès à cette fraternité lui permet de rester éloignée des autres étudiants. Les personnes savent ainsi qu’elle vient d’une famille de sang-pur et pour information complémentaire riche. Elle n’a ainsi pas besoin de se présenter et par la même occasion de déballer son passé et son histoire à des inconnus.

Sa haine pour les nés moldus semble ainsi des plus normales et pourtant elle n’avait rien de particulier contre eux… jusqu’à la mort d’Adrien. Ines n’a jamais voulu s’étaler sur cet accident mais la famille Johnson à bien retenu que c’était un sang de bourbe le responsable.

Aujourd’hui, l’étudiante est en difficulté. Elle a caché du mieux possible sa blessure à la cheville depuis le début de l’année mais la pression qu’exercent ses parents sur ses responsabilités de l’avenir de la lignée lui complique la tâche. Elle ne peut avouer sa blessure à personne, elle finirait en repos obliger à l‘infirmerie et rater ne serait-ce qu’un entrainement compromettrait ses objectifs de devenir une grande sportive. La douleur est présente constamment mais son mental lui permet de  tenir. La question se posant alors est : Jusqu’à quand ?