What is love
baby don't hurt me no moreTROISIEME ANNÉE ; DEUX SEMAINES AVANT LE BAL DE NOËL A PLEATMOUTH Le fameux bal de Noël approchait à grands pas à Pleatmouth. Tous les étudiants l'attendaient avec impatience, dont Dulcie, qui avait maintes fois sollicité sa mère pour qu'elle lui offre une robe suffisamment élégante pour l'occasion. Caprice qui, comme toujours, avait produit ses effets.
« Alors, tu as quelqu’un pour le bal ? » La jeune femme haussa les épaules avant de fixer subitement ses pieds, mal à l'aise. A chaque fois qu'on lui posait cette question qui était dans la bouche de tout le monde ces temps-ci, la demoiselle cherchait une échappatoire.
« Oui, j’ai quelqu’un et toi ? » Elle n’avait personne, mais Calvin était son meilleur ami depuis leur première rentrée. Il était de quatre ans plus âgé qu'elle, et pourtant cela ne changeait rien à leur relation. Ils s’étaient rencontrés lors de la cérémonie de rentrée des première année et même s’ils n’étaient pas dans la même fraternité, cette amitié rapidement tissée était restée et s’était renforcée au fil des années. Elle n’avait pas envie de montrer à son meilleur ami qu’elle était une pauvre fille incapable de se trouver un cavalier pour un bal, il allait encore se foutre ouvertement de sa gueule sinon.
« Ouais, j’ai quelqu’un, bien-sûr. » Elle releva la tête. Lui adressant un léger sourire. Bien-sûr sonnait faux dans cette phrase. Ils n’étaient que deux imbéciles incapables d’admettre qu’ils étaient seuls et surtout incapables de faire le premier pas l’un vers l’autre, alors qu’autour d’eux, tout le monde voyait qu’ils étaient plus que des amis, tout le monde le savait, sauf eux deux.
« Bha c’est cool alors. » Elle pinça légèrement les lèvres tout en haussant les épaules. Elle avait plutôt intérêt de se trouver un cavalier et vite, le bal de Noël approchait à une vitesse folle et elle était toujours toute seule. Si elle ne trouvait personne, la honte s'abattrait sur elle. Pourtant, elle avait beau prétendre le contraire pour préserver son honneur, c’était un fait, elle était seule.
« Ouais c’est cool, je suis content pour toi. Bon, je dois y aller, j’ai cours de potions, je voudrais pas arriver en retard. » Elle lui sourit avant de descendre d’un bond du muret sur lequel elle était perchée.
« Ouais. Moi aussi j’ai cours. On se voit plus tard ? » Il acquiesça avant de se diriger vers la salle de potions. Elle soupira, le regardant s’éloigner. Au fond, cette situation l'agaçait, bien qu'elle ne laissait rien apparaître. Calvin était bien le seul avec qui elle avait envie d’aller à se fichu bal, enfin, elle était trop fière pour l’admettre.
TROISIEME ANNÉE ; BAL DE NOËL A PLEATMOUTHLa petite rouquine a la robe rouge pivoine s'était efforcée de ne pas regarder Calvin et la barbie qui lui servait accessoirement de cavalière ce soir là. Une jalousie monstrueuse la prenait à chaque fois que son regard avait le malheur de les croiser tous les deux, mais alors qu'elle était en train de boire tranquillement au buffet avec son cavalier, une voix l'interpella.
« Dulcie ! » Elle sentit quelqu’un s’emparer de son poignet et se laissa faire, laissant en plan son cavalier pour venir se cacher derrière une colonne avec la personne qui venait de s’emparer de son poignet.
« Calvin ? Qu’est-ce qui te prend ? » Elle arqua un sourcil, à la fois surprise et choquée de s’être faite écartée du bal par son meilleur ami. Il prit le temps de la regarder de la tête aux pieds avec soin, ce qui avait quelque chose de vraiment gênant.
« T’es vraiment pas mal ce soir. » Vraiment pas mal ? Vive le compliment, après tous les efforts qu’elle avait fait ce soir, elle aurait mérité mieux, franchement. Elle soupira en levant les yeux au ciel. Il ne savait définitivement pas s’adresser aux filles celui là, enfin, elle le connaissait, si elle commençait à lui faire un reproche il allait lui en faire aussi, pour rire bien sûr, mais en général il avait le dernier mot et elle détestait ça.
« Toi non plus. » Elle croisa les bras sur sa poitrine, observant le jeune homme de la même façon qu’il l’avait fait avec elle, c'est à dire d'un air de défi.
« Ton cavalier à l’air d’un gros naze. » Elle ouvrit la bouche d'un air ahuri avant de lui coller une tape sur l’épaule.
« Ta cavalière à l’air d’une grosse pouf. » Il se mit à rire légèrement en l'observant se dandiner dans sa robe rose bonbon et moulante à l'autre bout de la piste.
« Elle n’a pas juste l’air crois moi. » Elle se mit à rire à son tour. Décidément, ils étaient mal accompagnés ce soir.
« Le mien non plus, il n’a pas juste l’air d’être un gros naze tu sais. » Elle laissa échapper un soupire las. Il fallait bien l’admettre, son cavalier était très lourd, en même temps, c’était bien fait pour elle, si elle s’y était prise plus tôt, elle aurait pu trouver mieux. Bien mieux.
« J’ai pas demandé à la bonne personne de m’accompagner, c’est un fait. » Dulcie arqua un sourcil, laissant apparaître un sourire amusé sur son doux visage de poupée.
« Ah oui ? » Il lui adressa un sourire avant de se pencher vers elle et de déposer un long baiser sur ses lèvres rouges. Finalement, le bal de Noël qui avait très mal commencé pour eux semblait s’arranger à la perfection. Ce baiser marqua le début de leur couple pour la fin de l’année et celle qui suivit. Une relation merveilleuse durant laquelle la belle cru vivre un rêve éveillée.
CINQUIEME ANNÉE ; RENTRÉE A PLEATMOUTHCalvin était aujourd'hui devenu un jeune professeur de biochimie magique, bourré de qualités et captivant. Encore plus qu'avant, alors qu'il n'était qu'un étudiant comme les autres. Il savait transmettre son savoir et sa passion à ses élèves, mais Dulcie ne suivait pas ses cours, étant spécialisée dans les potions. Ce n'était d'ailleurs pas plus mal, au fond. Ils se cachaient sans cesse, et ces derniers temps, la jeune femme avait remarqué que leur relation battait de l'aile. Calvin n'était plus vraiment le même depuis sa prise de fonction. Entre deux cours, elle le vit descendre de l'escalier. Dulcie pouvait voir que son regard lançait des éclairs à mesure qu'il avançait dans le couloir, et pourtant elle osa s'approcher.
« Calvin ? » Il l’ignora, serrant la mâchoire et les poings, il feinta de ne pas l’avoir entendue, continuant sa route. Il ne fallait pas qu’elle s’approche de lui, pas cette année. Pas avec son père qui trainait dans les couloirs. Elle n’était pas du genre à abandonner, il le savait, si bien qu’il ne fut pas surpris de sentir sa main attraper la sienne. Il ne pouvait pas la laisser faire. Il la repoussa brutalement contre le mur.
« Lâche moi tu veux ? » Elle fronça les sourcil, dans l’incompréhension la plus totale déjà, il l’appelait par son nom de famille et en plus il l’a repoussait. Aux dernières nouvelles, ils étaient encore ensemble pourtant.
« Qu’est-ce qui te prend ? » Il l’observa quelques secondes, tentant de rester le plus stoïque possible.
« Toi et moi c’est fini, on n’est pas du même monde. » Cette réplique sonnait définitivement faux dans sa bouche pourtant elle était prononcée avec tout le sérieux du monde. Il était bon comédien, difficile de voir qu’il ne pensait pas ce qu’il disait, difficile de discerner cette lueur dans ses yeux qui prouvait que ses paroles lui faisaient du mal à lui-même.
« Qu’est-ce que … » Il haussa les épaules avant d’enfouir ses mains dans ses poches.
« J'ai juste envie que tu me foutes la paix. » Il commença à s’éloigner pour ne pas rester à regarder les larmes perler sur ses joues sans rien pouvoir faire pour la rassurer.
« Je ne te pensais pas comme ça ! Tu es si ignoble avec moi ! » Il soupira avant de continuer son chemin, cette dernière phrase qu’elle avait prononcé avec tant de déception et de haine raisonnant encore dans ses pensées.
UNE RUE MOLDUE EN CALIFORNIE, JUIN 2014La fin de sa relation avec Calvin l'avait fortifiée quelque part, bien qu'au départ, elle avait du mal à croire que cet événement lui serait bénéfique. Et pourtant, la petite rouquine innocente qui cachait un tempérament de feu était progressivement devenue une femme sûre d'elle, déterminée et sulfureuse, voire arrogante de temps en temps. Petit à petit, elle avait compris que les hommes pouvaient représenter autre chose que le romantisme du prince charmant, et que ce côté noir n'était pas si inintéressant que cela. Elle comprit qu'ils n'étaient pas aussi parfaits qu'elle le pensait, elle qui les avait longtemps idéalisés. Après cette rupture, la jolie rousse avait enchaîné les conquêtes, répondant à toutes les avances que les jeunes sorciers au sang pur lui faisaient. Les autres ne méritaient pas son intérêt. Oui, Dulcie avait changé. Cette histoire l'avait fait souffrir et mûrir, et les hommes n'allaient pas si bien s'en sortir. Elle leur en voulait énormément de lui avoir fait perdre toutes ses belles illusions, tous ses rêves à leur sujet... Très vite, elle apprit à les dominer et à les faire souffrir à son tour. Dulcie les manipulait à sa manière avec pour seule et unique règle de ne jamais s'attacher à eux. Finalement, ils étaient devenus des êtres interchangeables, et elle était la seule au pouvoir, capable de les mener à la baguette. Féministe dans l'âme, la jeune femme est désormais prête à tout pour prouver à la gente masculine que les femmes sont autre chose que des objets sexuels.
Dans une rue moldue, un jeune homme s'écria :
« T'es bonne toi ! » derrière elle. Son regard s'assombrit et elle se stoppa net dans son élan. Malheureusement, elle avait appris la signification de cette expression à force de se balader chez les moldus. Voilà pourquoi elle les détestait autant. Dulcie n'avait jamais apprécié ces gens, mais c'était encore pire aujourd'hui. La sulfureuse rouquine tourna les talons pour se diriger vers le groupe d'hommes qui se trouvait là.
« Qu'est-ce que t'as dit ? » demanda t-elle en serrant les dents, sur la défensive. Elle ignorait lequel d'entre eux l'avait traitée de la sorte, mais elle pariait sur celui qui arborait un sourire fier et hautain.
« T'es bonne, t'es baisable ! » Dulcie afficha une moue faussement amusée en croisant les bras, tandis que la bande éclata de rire simultanément. Le pauvre, il ne savait pas à qui il avait à faire. Si elle avait le droit d'utiliser la magie, la jeune sorcière n'aura pas hésité une seconde à lui faire payer ses propos fortement déplacés avec le sortilège mutismus, voire pire.
« Tu risques de ne plus me trouver très "baisable" quand je t'aurais rendu impuissant. » Il la provoquait, elle le provoquait à son tour, et s'il ce petit jeu puérile l'amusait, elle allait y jouer avec lui un moment, mais pas très longtemps. Ses nerfs allaient la pousser à mettre sa menace à exécution s'il continuait de la provoquer ainsi.
« T'es bonne mais t'es bête et méchante, hein les mecs ? » Le groupe approuva et la sorcière se dirigea dangereusement dans sa direction. Sans réfléchir, elle donna un grand coup de genou à l'homme dans ses parties intimes afin de le calmer une bonne fois pour toutes. Il ne fallait pas jouer avec elle, elle n'aimait pas et ne savait pas s'amuser de toute façon. Son interlocuteur lâcha un cri de douleur et les autres s'en allèrent en courant.
« Oups, en plus d'être bonne je suis bête et méchante t'as raison mais maintenant, tu ne peux même plus me baiser, c'est con. » dit-elle en le maintenant fermement contre le muret. S'attaquer à son intégrité, à sa dignité et à sa féminité était très dangereux, et même dépossédée de sa baguette, Dulcie savait se défendre. Aujourd'hui, elle ne craignait plus la gente masculine mais la maîtrisait, à sa manière.